Source : Var matin
Le 15 juillet 2018, à Toulon, Boubekeur B. avait tiré au fusil de chasse en direction de son ex-compagne. Son tir avait touché la tante de sa concubine.
Quinze juillet 2018, dans la soirée. À Toulon comme partout en France, l’esprit est à la fête. Quelques heures plus tôt, l’équipe de France a remporté la Coupe du monde de football en battant la Croatie 4-1. Scènes de liesse, explosions de pétards, coups de klaxon… Un air de 1998 flotte sur la rade. Soudain, une détonation résonne avenue du 1er Bataillon de Choc, dans le quartier du Pont du Las. Au milieu de la rue, Julie s’effondre, touchée à la jambe gauche. Le tireur n’est autre que le compagnon de la nièce de son conjoint. Pourtant, ce n’est pas elle que Boubekeur B. visait mais Elodie, son ex-compagne et mère de leur fille, avec qui il est en conflit depuis plusieurs années.
« Un coup de folie »
Quatre ans après, et alors que débute dans quelques jours une nouvelle Coupe du monde de football, la cour d’assises du Var à Draguignan juge Boubekeur B. pour tentatives de meurtre. Au pluriel, car si le jeune homme a bien blessé Julie, son intention première était de toucher Elodie. Pour ces faits, il encourt 30 ans de réclusion criminelle.
Durant les trois années qu’a duré l’instruction, Boubekeur B. a nié l’évidence. Malgré les nombreux témoins et les traces de résidus de tir retrouvées sur ses mains et ses vêtements, il a cherché à se défausser. Aujourd’hui, il fait face, adresse d’emblée des excuses aux parties civiles mais ne parvient pas expliquer son geste. « C’est un coup de folie. J’avais bu, fumé du cannabis… J’ai mal réagi. J’ai sorti le fusil dans le but de faire peur. Je ne sais pas comment j’ai fait pour appuyer sur la gâchette. »
Lundi, la cour a elle aussi tenté de comprendre ce qui a bien pu se jouer dans la nuit du 15 au 16 juillet à l’intersection de l’avenue du 1er Bataillon de Choc et l’impasse Biskra. Une chose est sûre, malgré les différentes versions des uns et des autres, des insultes ont fusé entre Boubekeur B. et son ancienne compagne. « Je passais régulièrement devant chez lui pour me rendre chez une amie, raconte Elodie. Dès qu’il me voyait depuis son appartement, ça tournait à la dispute. Là, avec Kelly, on rentrait du port et on allait chez elle. On passe une première fois, les volets s’ouvrent et il m’insulte. Une heure plus tard, même chose alors qu’on se rendait place d’Espagne. » Sauf que là, Boubekeur a sorti un fusil.
Victime collatérale
Bloqué chez lui avec un bracelet électronique suite à une condamnation pour violences conjugales commises sur… Elodie, l’accusé estime pour sa part que son ex venait sciemment le « narguer ». La même histoire se serait répétée ce soir-là, alors que Boubekeur accueillait des amis. « Vers 23h30, on a entendu frapper au volet et Boubekeur est allé voir. C’était Elodie, rejoue Cassandra, sa compagne de l’époque. On a échangé des injures, puis elle est partie. Elle est revenue plus tard, et a encore frappé aux volets. Cette fois, elle était avec des garçons. J’ai eu peur. » La jeune femme a donc décidé d’appeler son oncle, alors en voiture avec Julie, sa conjointe.
« Quand on est arrivé sur place, Salim est sorti avec une barre en fer histoire de faire peur aux jeunes présents dans la rue, détaille cette dernière. Moi je suis allé voir Elodie pour discuter. À ce moment-là, il n’y avait pas d’insultes ou de cris. » Mais elle ne voit pas Boubekeur monter sur la fenêtre de son appartement, situé au rez-de-chaussée, armé d’un fusil de chasse. Le jeune homme tire dans le tas et la blesse gravement à la cheville « J’entends tes excuses mais je ne peux pas les accepter, poursuit la victime à l’adresse de l’accusé. Tu as gâché ma vie en plus de la tienne… » Un geste « aussi méchant que stupide » résume fort justement le président Patrick Véron.
Ce mardi, la cour s’intéressa à la personnalité de l’accusé.